Raoul Walsh fut un grand criminel, exécutant ses mises à mort comme des tours de passe-passe. Ce film mineur (1944) est exemplaire de la vitesse walshienne, de la manière dont les situations s'enroulent sur elles-mêmes comme des élastiques puis se relâchent, expédiant la dramaturgie dans le décor. Ce film-là, Walsh a dû le tourner comme on respire. Dès les premières scènes (le geste d'un type sur l'encolure d'un autre, une conversation comme un jeu de fléchettes, deux ou trois costards en maraude), on est surpris par la beauté décontractée de l'action, sa souveraineté souriante. Chez Walsh, l'abstraction n'est jamais convoquée. La terre lui sied trop pour qu'il s'en échappe. La vie n'a pas besoin d'être déréalisée pour donner des fruits anamorphosés, plus vénéneux, plus convaincants. La réalité chez Walsh a le tempérament d'un cheval au galop. C'est l'allure qui fait tout. Les grands cinéastes savent qu'il faut donner une forme au temps, que c'est ça le cinéma. Petit film, magistrale leçon. Walsh fait croire que c'est l'histoire d'un type séduisant (Alan Ladd), acoquiné avec le milieu mais qui va sortir ses miches de là grâce aux doux yeux d'une institutrice. Rédemption ? Il s'agit en fait d'un gamin doué pour la vie (débrouillard, agile, n'ayant peur de rien et sa morale à lui), que les autres vont se liguer pour éliminer, quasiment par inadvertance. Timothy est jockey, le seul capable de monter des bêtes rétives qui ne toléreraient pas une mouche sur leur dos. C'est un gar
Critique
Sa Dernière Course
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par Isabelle POTEL
publié le 13 février 2003 à 22h14
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