A l'Assemblée nationale, nombre de députés ont le Monde plié sous le bras. Presque un hasard puisque, à les entendre, ils le lisent «à peine». Le magistère supposé qu'exercerait le quotidien sur la classe politique est balayé d'un revers de main par Dominique Dord (UMP, Savoie) : «C'est un journal fait par une élite qui s'adresse à une autre élite. Il ne reflète pas l'état de la société française. Je le dis souvent à Raffarin lorsque, à l'heure du déjeuner, je le vois tenté de se précipiter dessus. Quant aux dirigeants du journal, je ferais volontiers des commentaires grinçants sur eux mais je préfère me taire.» Une prudence partagée par l'ancien journaliste Noël Mamère (Verts, Gironde) qui ne veut «surtout pas mettre le doigt là-dedans sinon c'est la fin des haricots». Le communiste Maxime Gremetz (Somme), lui, préfère esquiver : «Je ne me fais pas d'illusions sur les médias : je les parcours, le Monde comme les autres, et ne chercherai pas à savoir si ce qui est écrit dans le livre de Péan est vrai ou pas.» A droite, il est de bon ton de reprocher à ses «collègues députés et aux milieux dirigeants d'accorder trop d'importance aux sentences du journal» (Pierre Cardo, UMP, Yvelines) ou de brocarder «le petit cercle parisien terrorisé par des gros titres ou des éditoriaux» (Didier Julia, UMP, Seine-et-Marne). Une certaine «jubilation» de voir «l'arroseur arrosé avec les mêmes méthodes», comme Nicolas Dupont-Aignan (Essonne, UMP), n'est jamais bien loin. C'est aussi le cas de
Des députés circonspects
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par Antoine Guiral
publié le 27 février 2003 à 22h42
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