Revoyons l'image. Michael Jackson s'approche de la fenêtre, son bébé de 9 mois dans les bras. Sa main droite lui enserre la taille, la gauche plaque un tissu blanc contre son visage. Il dit protéger ainsi l'anonymat de son fils. Nous sommes le 19 novembre 2002, à l'hôtel Aldon de Berlin. L'artiste regarde ses fans, qui applaudissent et hurlent plus bas sur le trottoir. Il soulève Prince Michael II et le maintient quelques secondes dans le vide, pieds nus par-dessus la rambarde. Réflexe de peur, l'enfant agite plusieurs fois la jambe gauche. Et son père le rentre précipitamment. Le lendemain, surpris par la violence des réactions, il invite le journaliste anglais Martin Bashir à constater le soin qu'il porte à son fils. C'est son dernier enfant. Celui qu'il appelle «Couverture». Un mot à lui, «une expression qui dit la bénédiction, l'amour et la précaution» (1).
Michael Jackson est assis, son fils sur les genoux. Un voile jaune transparent cache le visage de l'enfant. Face à eux, tendu, Bashir esquisse un sourire gêné. Jackson a passé son bras droit derrière la nuque du bébé. Il lui enserre le cou et retient le voile. Dans sa main gauche, un biberon. Penché sur l'enfant, le père ne trouve pas le chemin de ses lèvres. «Je t'aime», dit Jackson, luttant contre la tulle. On voit sa main adulte par transparence du voile, qui tente vainement de lever le crêpe et libérer la bouche. Le chanteur n'y arrive pas. Brusquement, il éclate de rire et jette la tête en arrière. Le journaliste