«Edwy, es-tu un agent de la CIA ? La question est posée avec le sourire. Mais elle est posée, devant les 200 journalistes du Monde réunis à huis clos dans une salle à l'entresol de la rue Claude Bernard, dans le Ve arrondissement de Paris. Et posée par le président de la Société des rédacteurs du Monde (SRM), Michel Noblecourt, à Edwy Plenel, directeur de la rédaction du quotidien.
15 heures, hier. La salle de l'entresol n'est pas assez grande pour accueillir tous ceux qui veulent participer à la grande séance collective d'explication à propos du livre de Pierre Péan et Philippe Cohen, la Face cachée du Monde (Mille et une Nuits). Noblecourt souligne d'abord «la visée déstabilisatrice» du livre, en reprenant quatre ou cinq citations parmi les plus malveillantes à l'endroit de la direction du journal. Mais il a aussi préparé, la veille, pendant deux bonnes heures, avec les membres du bureau de la société des rédacteurs, une liste de questions de fond. Jean-Marie Colombani, patron du journal, gagne-t-il plus de trois millions de francs (457 000 euros) par an ? Le quotidien lui paie-t-il une partie de son loyer ? A-t-il tenté de frauder le fisc, formé des hommes politiques à l'interview télévisée ? Qu'en est-il du lobbying payant en faveur du quotidien gratuit 20 Minutes et des Nouvelles messageries de la presse parisienne (NMPP, qui distribuent les journaux nationaux et de nombreux magazines) ? Des tractations avec Vivendi et des conditions d'acquisition de Courrier internation