Madrid de notre correspondant
On est habitué, au Pays basque espagnol, aux rassemblements de journalistes menacés de mort par l'ETA. Cette fois-ci, c'est l'ensemble des médias régionaux d'inspiration nationaliste qui s'insurgent contre «l'état d'exception» qu'incarnerait Madrid. Un manifeste signé par une dizaine d'intellectuels basques dénonce même «un péril pour la démocratie». A l'origine de cette levée de boucliers, la fermeture, le 20 février, d'Egunkaria, seul quotidien édité intégralement en euskara, la langue basque.
Comptes sous scellés. La décision a été prise par le juge Del Olmo, de l'audiencia nacional, persuadé que ce quotidien indépendantiste, fondé il y a treize ans, «est un instrument de l'ETA» et «diffuse dans ses pages l'idéologie terroriste». Tous les comptes bancaires du quotidien ont été mis sous scellés. Sur les dix responsables du journal arrêtés, quatre ont été remis en liberté, dont le directeur de la publication, Martxelo Otamendi. Ce dernier a affirmé, mercredi, avoir été torturé par la police au cours de sa détention. Une accusation reprise en choeur par les nationalistes modérés, au pouvoir dans la région, et rejetée «catégoriquement» par le ministre espagnol de l'Intérieur, Angel Acebes.
Au Pays basque et dans une bonne partie de la presse espagnole, la fermeture d'Egunkaria est perçue comme une atteinte à la liberté d'expression. Le week-end dernier, des milliers de manifestants ont investi les rues de Saint-Sébastien pour clamer leur indignation