Leslie chante. Des centaines de milliers de disques et un Olympia. On dit qu'elle écrit tout, paroles et musiques. A 17 ans, l'enfant refuse d'être confondue avec les Lolitas du moment. Invitée pour une carte blanche au journal télévisé des adolescents, Leslie a choisi seule le sujet du jour. Son titre : «Père en prison». Elle a aimé le thème, n'en connaît pas l'objet. Face caméra, sans fard, cheveux tirés et pull blanc, Leslie lance le sujet : «Maïwenn a 12 ans et demi. Elle habite Rennes. Son père est depuis plus de deux ans en détention préventive à Paris. Une fois par mois, Maïwenn prend le train pour se rendre à la prison de la Santé.» (1)
Alors nous voyons Maïwenn. Gamine assise sur son lit. Au mur, deux affiches. L'une montre un vieil Indien et un vieux Breton. Rides, cheveux blancs, regards croisés. «Breizh-America, 500 ans de résistance», dit le poster. L'autre, dessine un homme derrière des barreaux : «Liberté pour les prisonniers politiques bretons.» Maïwenn explique. Elle parle à voix chagrin. Son père menotté, la prison, le parloir. On la voit avec sa mère, attendant le train pour Paris sur le quai de Laval dans le tout petit matin. On la regarde, marchant le long du mur brutal de la Santé. Et aussi dans la file d'attente des familles. Et encore, quand la porte se referme sur elle. Une heure et demie de visite. «Alors ?», demande le journaliste après le parloir. «Ça va», répond l'enfant en se grattant le nez. Fin du sujet. Leslie est grave. Maïwenn aussi. La chan