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Libération
Critique

Une famille formidable

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publié le 28 février 2003 à 22h45

En 1980, Bernard Dartigues avait tourné la Part des choses dans une ferme des Landes. Chronique attentive d'une famille idéale où la mère se dépense sans compter pour rehausser le statut des agricultrices, où le père transmet son amour de la terre à son fils, où les enfants ont la parole à table. Vingt ans plus tard, la chaîne Arte et la productrice Chantal Bernheim ont convaincu le réalisateur de retourner sur les lieux. Ce sera la Part des gens, une chronique devenue saga de la famille Marcusse. Trois générations heureusement mêlées dont les images se superposent, celles des années 80 et celles des années 2000. Depuis la mamie bon pied bon oeil de 93 ans jusqu'à la petite dernière, Léa, 9 mois, que ses cousins promènent dans le jardin de la ferme.

On pense évidemment au dispositif de Farrebique/Biquefarre. Ces deux films sur des paysans aveyronnais que Georges Rouquier a tournés à trente-sept ans d'intervalle. Le premier en 1946, le second en 1984. Un dispositif fécond qui, chez Rouquier, renforçait le réalisme lyrique de l'image. Comme Rouquier encore, Bernard Dartigues met en scène ses personnages, mais apparemment plus pour satisfaire au rythme du feuilleton télé que pour s'inscrire dans la lignée des docu-fictions à la Flaherty. Le résultat est efficace tant par l'enchevêtrement des images des années 80 ou des photos des années 50 avec celles du présent, que par la force des personnages, ici «dans leur propre rôle» comme le dit le générique.

Au fil du temps, ici palpable