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Libération
Critique

Modes et travelos

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publié le 7 mars 2003 à 21h52

Tiens, papa a mis sa minijupe rose avec ses talons ; tiens, papa prépare son show Dalida, Il venait d'avoir 18 ans avec sa belle robe noire ; tiens, papa fait son métier de carrossier avec ses longs ongles roses ; tiens, papa danse avec Patrick Juvet dans la boîte de nuit, etc. C'est typiquement le genre de documentaire dont on se demande, outre le côté vendo-accrocheur de «la bouleversante histoire de cet homme, tendre père et femme qui rêve de paillettes et de music-hall et qui lutte farouchement contre l'intolérance du regard des autres», si c'est 1) du foutage de gueule, 2) un bon moyen avec ce genre de sujet de passer son docu sur Arte, 3) de la fausse compassion style «regardez le traitement inhumain qu'on réserve à cet être différent mais pourtant notre semblable» dans son village suisse, ou 4) ce que, au fond, le réalisateur veut démontrer.

En tout cas, on en ressort écoeuré de soi-même d'avoir regardé cinquante-deux minutes de rang ce pauvre hère se débattre avec son mal-être, le procès que lui a intenté sa mère. Celle-ci l'a évidemment abandonné dans une famille d'accueil mais a repris sa soeur, donc c'est mieux d'être une fille parce que maman t'aime, donc je suis un travelo père de famille etc. (ce qui ne justifie nullement du reste qu'on appelle ses gosses James et Stevens). D'entendre sa femme, qui l'aime pourtant, lui dire «tu me fais honte», de le voir se faire jeter par la municipalité alors qu'il veut faire la Mère Noël, de l'entendre faire répéter une quest