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Libération

L'hymne

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publié le 10 mars 2003 à 21h56

La Marseillaise est terminée. Bras croisés dans le dos, l'équipe d'Irlande s'agrippe homme à homme pour ne plus former qu'un. Lorsque Mary McAleese est entrée sur le terrain, quelques mesures du Amhán Na bhFiann ont salué la présidente de la république. Soldiers song (en langue anglaise )est l'hymne national irlandais. Il va maintenant être joué dans le stade de Langsdowne road (1).

«Sinne Fianna Fáil. Atá Fá gheall ag Eirinn.» Brian O'Driscoll chante. «Soldats, nous sommes/ Nos vies sont vouées à l'Irlande.» Cheveux mouillés de pluie, regard levé, le capitaine de l'équipe irlandaise a attrapé le maillot de Victor Costello, Dublinois comme lui. Et Costello s'est cramponné à Keith Gleeson, un autre gars de Dublin. La caméra se déplace lentement. Après Gleeson, Gary Longwell, le deuxième ligne. Juste avant John Hayes, le géant, qui chante en gaélique sourcils froncés. «Plus jamais la terre de nos ancêtres/ N'abritera le despote et l'esclave.» Et Kelly chante aussi, et Murphy, et Maggs. Mais Gary Longwell lui, ne chante pas. Il est soudé, solide, il est une pierre de la muraille, mais ses lèvres restent mortes. Son visage est tendu. Son regard dur. Sa mâchoire est serrée à en creuser les joues. Un peu plus loin, dans la file des hommes, David Humphreys est de même matière. Visage levé et lèvres closes. Humphreys et Longwell sont nés à Belfast, Irlande du Nord. Ce chant célèbre une autre histoire que la leur, d'autres défaites, d'autres victoires, d'autres tourments, d'autres esp