La limite extrême du naturalisme, c'est la mort d'un acteur à l'écran. C'est pourquoi le fantasme du snuff movie, ce film où l'on tue vraiment quelqu'un, est si fréquent. Personne n'en a vu, mais tout le monde est prêt à jurer que ça existe. C'est aussi pourquoi la télé (qui n'a jamais rêvé de voir Ardisson ou PPDA mourir en direct ?) est d'essence plus naturaliste que le cinéma, qui ne permet que la mort en différé. Tout ça pour dire qu'on a reproché à Fuller d'avoir tué Jeff Chandler, de l'avoir tué à la tâche pour que les Maraudeurs attaquent soit le plus réaliste possible. On n'a sans doute pas tort, encore que la mort de Jeff Chandler (qui se savait condamné) doive plutôt être considérée comme un accident de travail, un suicide consenti. Le fantasme de l'acteur un fantasme sacrément naturaliste n'est-il pas de mourir sur scène ? C'est plus rare à l'écran, mais c'est encore plus beau.
On ne voit pas Jeff Chandler mourir à l'écran dans les Maraudeurs attaquent, mais il y a de ça. Le sujet du film de Fuller, c'est la mort au travail (Cocteau disait qu'on meurt 24 fois par seconde au cinéma, ce qui n'est pas plus bête qu'autre chose). Il s'agit d'un homme, Merrill, qui fait le sacrifice de sa vie pour que ses hommes, ses maraudeurs, n'hésitent pas à le suivre.
Suivez-moi dans la vie, suivez-moi dans la mort. Tout le reste n'est que littérature. Héroïsme lyrique, qu'on retrouve dans Gun Hawk, le chef-d'oeuvre oublié d'Edward Ludwig, où le personnage de Rory Calhoun meurt p