L'usage que les dirigeants du Monde font de leur pouvoir d'influence est mis en cause par l'enquête de Pierre Péan et de Philippe Cohen. Jean-Marie Colombani, le président du directoire du quotidien du soir, Edwy Plenel, le directeur des rédactions, et Alain Minc, le président du conseil de surveillance, se défendent évidemment de ces accusations. Parmi les arguments avancés, il y aurait le caractère exceptionnel du Monde, dont la «Société des Rédacteurs, (qui) dispose de droits uniques dans la presse française» (titre d'un article du Monde daté du 8 mars). Cette présentation est inexacte.
Le Monde se veut exclusif en tout. Il ne l'est pas par essence. Pour s'en tenir au juridique, la société des rédacteurs et, plus largement, la société des personnels de Libération disposent de droits équivalant à ceux de nos confrères du Monde. L'équipe de Libération dispose en effet de la minorité de blocage, qui vient se surajouter à un pacte d'actionnaires qui garantit aux sociétés des personnels, indépendamment de la part en capital, le pouvoir d'opposer leur veto sur les décisions majeures de l'entreprise changement de statuts, acquisitions, ventes ou fusions, choix du président de la société. La société des rédacteurs peut refuser la confiance au directeur de la rédaction choisi par le PDG.
Nous avons adopté en 1987 une charte d'indépendance, qui a été ratifiée en 1994, qui fait partie intégrante du pacte d'actionnaires de 1996, et auquel ont souscrit tous nos partenaires qui ont rej