Marcello est un ami. Un vieux confident, un proche que Silvio a rencontré à la faculté de droit. Plus tard, tout naturellement, Marcello devient son bras droit en affaires, chargé de la publicité. Nous sommes à Milan, automne 1986. Un engin explosif endommage légèrement la façade d'un hôtel particulier, via Giuseppe Rovani. C'est l'une des résidences de Silvio Berlusconi. Au lendemain de l'attentat, il téléphone à Marcello Dell'Utri. Le Milanais parle à l'ami, mais aussi au Sicilien. A celui qui l'a introduit auprès de Vittorio Mangano, parrain de la mafia. Silvio et Marcello conversent. Nous ne les voyons pas. Nous entendons leur voix. Ils sont entre eux, ils sont tranquilles, sereins, deux frères. Mais Dell'Utri est surveillé. La police enregistre le dialogue. Nous écoutons les deux hommes (1).
«Allô, Marcello ?» «C'est moi.» «Bon, alors... Pourquoi Vittorio Mangano a mis une bombe ?», interroge Berlusconi. Silence. «Non ? Et comment tu sais ça ?» «Par une série de déductions et pour le respect qu'on doit à l'intelligence.» «Il est sorti ?», demande Dell'Utri. «Oui. Moi non plus je ne le savais pas.» Nouveau silence. Berlusconi enchaîne. «Vu comment ça a été fait, un kilo de poudre noire, rudimentaire. Et fait avec beaucoup de respect, presque de l'affection. D'ailleurs, il l'a placée au pied de la palissade.» L'ami sicilien se tait, approuvant ici et là d'un «oui» machinal. «Selon moi», continue le futur Premier ministre italien, «un autre m'enverrait une lettre ou me télé