Lorsqu'on lui demande comment il va mourir, Saeed Hanaei sourit brièvement. La barbe grise taillée, le regard sombre, il répond droit, face à la caméra, sans émotion, sans regret, sans rien. «S'ils me pendent, pas de problème», dit l'homme. «Je sais comment ça se passe. J'en ai déjà vu mourir ainsi.» Iranien, entrepreneur vivant dans la ville sainte de Machhad, à l'est du pays, Hanaei est revenu de guerre contre l'Irak habité par la crainte. Il croit son pays perdu, oublieux de Dieu et insouciant de sa parole. Alors il frappe. A l'aube du siècle, il assassine seize femmes. Prostituées, toxicomanes, perdues. Pour un documentaire iranien, Hanaei parle (1).
«Après la guerre, la République islamique a changé. Peu à peu, nous avons vu les cheveux des femmes apparaître devant leurs foulards. Puis derrière aussi. C'était comme si elles voulaient intentionnellement ridiculiser le Prophète et les martyrs. Et personne ne pouvait rien dire. J'ai compris que la situation était grave. Donc j'ai décidé d'agir.» A son fils, qui le visite lors de son procès, il dit : «En tuant ces seize femmes, je poursuis l'effort de guerre contre ceux qui corrompent la terre.» Il écrit : «A chaque fois que je voyais ces femmes, je les imaginais piétiner le corps des martyrs. Je voyais ces femmes leur écraser le cou et les étrangler. Quand je pensais à ce genre de choses, ça me rendait fou. Je ne pouvais trouver le repos. Je devais les détruire.» En réponse, l'enfant dit que son père s'est «sacrifié pour so