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Libération
Critique

Au coeur du terroir

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publié le 15 mars 2003 à 22h05

«C'est moi la morte ! Vous voulez la morte du village du fond du trou du cul du monde, eh bien la voilà !» Elle est là, sur la place du village, les mains sur les hanches, en robe noire, plantée dans le sol, pas du tout l'air d'une morte pour tout dire. En fait, Ophélie (Patachou) est juste morte un petit peu, un jour, à Coeurenhaut, village improbable. Pour embêter Zélie, sa soeur, peut-être, avec laquelle elle s'engueule allégrement et pas toujours plaisamment. Ou histoire de ressusciter après et de provoquer un déclic dans la tête de Moïse (Robin Renucci), un homme d'affaire qui vit loin du village des deux vieilles filles. On ne saura pas, ce n'est pas grave. Tout ce qu'on sait, c'est que ces deux soeurs, la revêche et la naïve, ont un secret. Leur magot dont chacun dans le village parle plus ou moins, sans savoir s'il a jamais existé. Ou celui que cache le rêve de Zélie d'aller voir la mer avec l'apiculteur-trompettiste encore sédui sant... Un secret qui remonterait, disons, vu leur âge, à la guerre, et qui aurait le visage de Robin Renucci, disons... Pour grossier que paraisse ainsi le scénario, la chose filmée n'est pas sans charme, filmée dans ce village qui n'existera jamais que dans la tête des scénaristes de télévision. Et ce charme tient uniquement à Patachou et à Annick Alane qui, question méchanceté de la race humaine, semblent en connaître un sacré bout. Le spectateur se laisse dériver au gré des vacheries dites par la première, des naïvetés de la seconde. Il