On raconte que Kubrick a voulu s'assurer auprès de la Lloyd's contre la découverte éventuelle d'une intelligence extraterrestre avant la sortie du film. La maison britannique aurait refusé. Quelle idiote ! Le «risque» était infime, et quand bien même, cela aurait fait une pub d'enfer au film.
Cette histoire de police d'assurance est improbable, mais on ne prête qu'aux riches : nous savons l'attention maniaque que Kubrick a portée à chaque détail de son oeuvre, jusqu'à faire écrire des notices d'utilisation ultraprécises pour les «visionphones» et autres «toilettes gravité zéro» du vaisseau spatial. Alors imaginons qu'effectivement des petits hommes verts (ou le modèle équivalent) soient descendus nous serrer la pogne deux semaines avant la sortie de 2001. C'est Kubrick qui aurait eu l'air con. Il s'apprêtait à nous refiler du monolithe transcendantal sur fond de György Ligeti, et voilà que des E.T. dépenaillés débarquaient d'une fusée foireuse en sifflotant du Claude François. Le film était trappé dans la minute et les producteurs l'avaient dans l'os.
2001 est l'un des très rares films à avoir sécrété sa propre mythologie. Trente-cinq ans après sa sortie, le space op de Kubrick continue d'alimenter des discussions ad libitum. Pas de jour sans qu'un nouveau détail du film soit inventorié, ou redécouvert. Sait-on que la première ligne de dialogue n'arrive qu'au bout de 25 minutes et 38 secondes ? Pas de semaine sans qu'un nouveau spectateur tombe dans une extase mystique, foudro