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Libération

Frères

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publié le 20 mars 2003 à 22h12

C'est une photo. Elle nous montre un jeune homme brun qui ne sourit pas. De cette photo on a fait des affiches, puis un symbole. Guy Orsoni avait 23 ans. Frère d'Alain, figure du nationalisme corse, Guy a été enlevé, torturé et assassiné le 17 juin 1983. Pour ses amis, cette disparition est un crime d'Etat. Une manipulation, une intoxication de truands par les services français. Les tueurs présumés sont arrêtés. Salvatore Contini et Jean-Marc Leccia, deux mauvais garçons. Trois militants du Front sont désignés pour les tuer : Pietru Albertini, Bernard Pantalacci et Pantaleon Alessandrini. Le 7 juin 1984, déguisés en gendarmes, ils entrent dans la prison d'Ajaccio, prennent des gardiens en otages, se font ouvrir les cellules, tirent sans un mot, puis se rendent au préfet Broussard. Ces hommes parlent aujourd'hui. Un film signé Gilles Pérez et Samuel Lajus (1).

«A partir du moment où j'avais été désigné pour faire partie du commando, je me devais d'y aller, murmure Pietru Albertini. Maintenant, en tant qu'homme, vu que je connaissais Guy Orsoni, Alain et la famille, j'étais très bien disposé pour participer à cette opération.» «Tous les risques étaient bons, explique Bernard Pantalacci, il fallait aller jusque-là. Il était certain qu'on n'allait pas laisser quelque chose qui nous avait traumatisés. Entre la torture du pauvre Guy, l'absence, sa femme qui attendait un enfant, on savait qu'il fallait donner une réponse.» «On a assumé cet assassinat à trois», ajoute Pantaleon Aless