C'est face au monstre qu'est né le cinéma, pour en enregistrer la repoussante fascination. Corps monstres : films de sexe, films culturistes, films sportifs, films burlesques. Les freaks sont au coeur du premier cinéma, et cette simple pulsion scopique suffit à occuper l'écran et à attirer les foules. Freaks, les voir, freaks, les aimer, freaks, les détester. Et le cinéma revit périodiquement avec la renaissance des monstres. Cela continue de marcher. Depuis quelque temps, il revit pas mal, et ce monstre porte un nom : Jim Carrey est le nouveau Lon Chaney. Ce sont deux hommes en plastique : leurs membres peuvent se modeler à n'importe quelle pliure, la bouche se fondre en rictus, et les gestes suivre toute rythmique. Ils sont les grimaces et les transformations les plus populaires de leur temps, Chaney restant le monstre star de la fin du muet, Carrey s'entêtant à devenir celui d'aujourd'hui. Dans Fou d'Irène, Carrey conserve du monstre tous les attributs : il est trop, too much, la gueule pleine de dents, le visage plein d'oreilles, les membres plein de doigts, même sa queue est trop longue (Renée Zellweger adore ça). Ce corps en trop, il ne tente pas de l'apprivoiser : il l'expose, frontalement, comme Matthew Barney fait ses installations primitives. Dans Fou d'Irène, il a trouvé aussi régressif que lui : les frères Farrelly, sorte de zinzins d'Hollywood qui pètent et qui rotent aux quatre coins de l'écran (ne pas manquer la scène de la glace au chocolat, là ça chie). Avec
Critique
Fou d'Irène
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publié le 27 mars 2003 à 22h22
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