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Libération
Critique

Il voit des nains partout

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publié le 31 mars 2003 à 22h26

Terry Gilliam est maître dans l'art du cynisme poétique. Dans son univers délirant d'inventions visuelles, la société de consommation des années 70 est l'oeuvre de l'Etre suprême, un homme d'affaires de la City en costard cravate pour qui la Création est une société qui marche plutôt bien, même très bien puisqu'on y produit, désire et consomme sans cesse, entraînant les humains dans une sarabande infernale d'auto-insatisfaction.

Bandits, bandits ! (1980), le deuxième film de l'ex Monty Python, commence dans une paisible banlieue londonienne : tandis que ses parents admirent les mérites d'une machine à faire «du boeuf en daube à partir de glace pilée en huit secondes deux dixièmes», le jeune Kevin tombe sur six corsaires-nains qui débarquent de l'espace-temps dans sa chambre. Poursuivis par l'Etre suprême à qui ils ont dérobé la carte du Temps, ils voyagent d'époque en époque dans le but de devenir les plus grands bandits de tous les temps. Ces héros improbables embarquent le gamin pour réaliser leurs truanderies : ils spolieront sans vergogne un Napoléon obsédé par sa taille, ravi de rencontrer des nains bagarreurs, un Agamemnon dans la peau d'un Sean Connery affable et un Robin des Bois snobinard (John Cleese, inénarrable).

Tout irait pour le mieux si le Mal ne décidait d'intervenir. A la différence de l'Etre suprême, lui déteste la notion de profit. Ce qu'il veut, c'est la faillite de toutes les sociétés. Pour arriver à ses fins, le Mal se révélera fin psychologue. Il sait q