Vulcano fait partie de cette catégorie de films maudits dont les conditions de tournage présentent bien plus d'intérêt que le résultat final. En 1947, Roberto Rossellini prévoit de réaliser un long métrage dans les îles Eoliennes avec sa compagne d'alors, Anna Magnani. Mais, deux ans plus tard, le casting amoureux et professionnel a changé : c'est avec Ingrid Bergman que le réalisateur de Rome, ville ouverte s'installe sur Stromboli. Furieuse, la Magnani se venge en tournant son propre film éolien dans l'île voisine de Vulcano, sous la direction du vétéran hollywoodien William Dieterle, qui s'essaie pour l'occasion au néoréalisme. Les deux tournages se déroulent au même moment et, aucun ne sachant au départ ce que filme l'autre, l'espionnage réciproque fait rage, avec la complicité blagueuse d'un Errol Flynn qui, à bord de son yacht, fait régulièrement la navette entre les deux «plateaux». Conséquence inéluctable, certaines scènes telles que l'entrée dans l'église ou la pêche au thon ont des allures de plagiat sans que l'on puisse savoir qui a copié sur l'autre !
Autres points communs, Stromboli et Vulcano décrivent l'isolement d'une marginale (Ingrid Bergman en réfugiée tchèque, Anna Magnani en prostituée assignée à résidence dans son village natal), rejetée par une communauté aux moeurs rigides, et se concluent par une éruption volcanique, exutoire aux tensions émotionnelles accumulées pendant une heure et demie. Le sentiment religieux joue un rôle crucial dans les