Les mutants seraient plus forts que les Powers Rangers ? C'est ce qu'on se demande en rôdant dans Rome désolée, Rome libérée. Rossellini est à l'image, ça fait toute la différence. Il délocalise la vérité plus vite qu'un mutant, il néoréalise comme un régiment de X Men. Néoréaliser, c'est réaliser pour de vrai ce qu'on sait être faux. Ces images de Rome, c'est Rome quand même. A la télé, c'est le contraire. Bagdad, à la télé, c'est une imitation bâclée de la vie, une imitation de ville avec de vagues loukoums pour habitants. Plus faux que ça, tu meurs. Plus naturaliste que ça, tu meurs. La vérité, il faut le dire à ceux qui manipulent les images de propagande que Saddam leur envoie par mandat-poste, ça ne passe pas par les images. Il n'y a que les politiques et les militaires, ceux qui font la guerre, la vraie, qui peuvent expliquer par où ça passe, par où ça casse. Bagdad, à la télévision, c'est De Sica avec juste un peu plus de khôl sur les yeux. A côté, Belleville a l'air plus irakien, c'est dire.
Comme tous les grands films, Rome, ville ouverte fait de la propagande pour son scénario. On a l'air con de ressasser ça, mais comment faire autrement ? Anna Magnani qui crie, Anna Magnani qui court, Anna Magnani qui meurt, c'est de la propagande pour une certaine idée du cinéma, une certaine idée de la société, une certaine idée de la démocratie. Oubliez la fuite en Italie d'Ingrid Bergman. Oubliez comment ses joues rebondies comme une paire de fesses de bébé, sans indication d'