Ils dégoûtent et fascinent. Pour s'en convaincre, il suffit de se souvenir de l'affluence qu'a suscitée la vente, à Drouot, en février, des Carnets intimes d'Anatole Deibler, dernier exécuteur public en France avec près de 400 têtes tranchées au compteur (Libération du 6 février). Les bourreaux, ce sont des dynasties de parias, contraints d'habiter hors des villes et rétribués chichement par le pouvoir en place, qui, pourtant, ne peut se passer d'eux. Dans ce documentaire inédit de l'Allemand Jens Becker, plus sensible qu'historique, le propos est de donner un visage à ces hommes, qui exercent un job pas comme les autres. Ils sont six à témoigner. Français, Hongrois, Roumain, Yougoslave... Avec plus ou moins de loquacité, ils reviennent sur leur enfance, sur leurs amours. Parlent de leur famille, comme tout le monde. Certains sont connus, comme Joseph Malta, exécuteur américain, qui a pendu les condamnés nazis du procès de Nuremberg, ou Fernand Meyssonnier, qui a succédé à son père, bourreau du temps de l'Algérie française. D'autres visages sortent de l'ombre, comme celui de Ionel Boeru, pas vraiment fier d'avoir envoyé dans l'au-delà le couple Ceausescu.
Découpé en différents tableaux («la première fois», «avant/après l'exécution», etc.), le film de Becker s'attache à mieux cerner la personnalité de chacun. Il y a ceux sans état d'âme. «Pour moi, c'était simple, j'aimerais pouvoir le refaire», explique Malta, qui regrette de n'avoir pas pu faire souffrir plus les Göring, Rib