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Libération

Le capitaine

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publié le 11 avril 2003 à 22h46

L'homme est face à nous. Treillis camouflé et gilet pare-balles, il tient un micro dans sa main. Derrière lui, l'ombre d'un palmier balancée par le vent. Nous sommes à Bagdad. Il fait nuit. Brian Mengan est capitaine dans l'armée des Etats-Unis d'Amérique. En direct de Paris, David Pujadas l'interroge. Entre question, traduction et réponse, quelques secondes de silence figent chaque fois le soldat dans une attitude vaguement désarmée. Il parle sans bouger. Il a les yeux clairs et une moustache blonde. «Pensiez-vous que ce serait aussi facile de prendre Bagdad et qu'avez-vous ressenti ce matin dans le centre-ville ?», demande le journaliste. Voici ses réponses (1).

«Je ne me disais pas que ce serait facile de prendre Bagdad. Il y a suffisamment de gens mécontents de nous voir arriver, que j'aurai tort de dire : "Nous avons pris Bagdad." Nous avons sécurisé des zones à Bagdad, mais il reste encore beaucoup de choses à faire.» «Avez-vous eu peur lors de cette offensive ?» «Pas vraiment. Ce n'est pas notre première bataille. Depuis le premier jour, nous avons appris à lutter contre les Irakiens qui ont choisi de se battre contre nous, et à les vaincre. Ces gens sont une partie de la population, mais ce n'est pas tout le monde.» «Vous disiez que vous aviez ressenti un sentiment de joie en arrivant dans le centre-ville ce matin ?» «C'est exact, oui. Une joie, une célébration. Et nous étions simplement heureux de leur donner l'occasion d'exprimer cette joie-là. C'est un très beau se