Ça commence sur une route, dans la nuit marron de la région parisienne. Ça se termine sur une route éclatante de soleil, en Algérie. Entre ces deux scènes, il y aura des corps allongés, morts, vivants, des corps debout, des corps ployés. Les Chemins de l'oued, réalisé par Gaël Morel dont on avait déjà pu voir Premières neiges sur Arte en 1999, est un film géométrique. Géométrie intime, de Samy (Nicolas Cazalé), transporté en une nuit de sa banlieue parisienne vers un petit bled algérien dans la maison de son grand-père, un homme de 80 ans qui ne vit plus, allongé, que pour son petit paradis, un morceau de cette terre algérienne qui, jadis, était si fertile.
Un arbre encore debout sur cette terre, bellement vertical. Nicolas ne dit rien de la raison de sa présence en Algérie. Il est là, c'est tout, dans ce pays qu'il ne connaît pas et sur lequel il a toutes les idées reçues. Les premiers contacts avec sa famille sont bons. Il est celui qui arrive, qui vient de France, ce pays où Issam, son cousin, n'a pas su s'adapter. Puis, lentement, la réalité de la famille d'abord, du pays ensuite, est la plus forte. Venu visiter sa cousine Nadia (Amuira Casar), infirmière à l'hôpital d'Alger, Samy provoque une crise d'angoisse chez une petite fille dont elle s'occupe. Elle hurle, persuadée qu'il est venu la tuer. Sur le visage de Samy, en un plan, se lit le gouffre qui sépare Algériens de France et d'Algérie, l'incompréhension, l'incapacité à comprendre ce que qu'est un pays sous terroris