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Libération

Mary Riley

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publié le 15 avril 2003 à 22h50

C'était le dimanche 23 mars. Nous l'avions vu tendu, le regard affolé, passé en un rien du plus fort au plus fragile, du soldat au prisonnier. Autour de lui, le contentement des uniformes verts. Il était prise de guerre. Il était mort ou presque. Il avait un micro de la télévision irakienne sur la gorge. Livide, il tentait de répondre aux questions sans les comprendre. Cet homme de 31 ans disait être américain, sergent, s'appeler James Riley et venir du New Jersey. Aujourd'hui, vingt jours plus tard, la télévision irakienne a été détruite et le soleil inonde le New Jersey. James Riley et six de ses camarades viennent d'être retrouvés vivants dans le nord de l'Irak. Nous voici à Pennsauken, devant la demeure de ses parents (1).

C'est un modeste foyer d'Amérique. Le bois de façade est peint en blanc. La boîte aux lettres est noire, comme la rampe qui aide à gravir les marches. Nous sommes au numéro 6730 de la rue. La bannière étoilée domine la porte. Sur une affiche, le ruban jaune en mémoire des prisonniers et l'inscription : «Nous soutenons nos soldats.» Devant la maison, un homme sourit aux caméras. Il dit : «Le sergent Riley va bien.» «Votre nom ?» demande un reporter. «P.R.I.T.K.S, épelle l'homme, pasteur Edward Pritks.» «Quel moment incroyable pour ce pasteur», commente une voix en studio. Une voix d'homme, chaleureuse, une voix de pentecôtiste, d'aéroport, de bienvenue à bord, une voix de tout va bien. «Et comment était-ce, il y a dix minutes, lorsque le pasteur est entr