L'homme est devant la glace. Douloureusement, presque vainement, il tente de dessiner un sourire sur son visage, qui, chaque fois, devient grimace. Kamel Raoui est inspecteur de police. Surnommé «l'autiste» par ses amis. Cette nuit-là, il déambule, spectral, vers une immense villa tangeroise, bourrée de stucs et de drapés. Hakim Tahiri, magnat mafieux, dont les orgies étaient connues dans toute la ville, vient d'être assassiné. Chez lui, les policiers découvrent la magnifique Touria et son jeune frère Pipo.
De la collection «Masculin/Féminin» à laquelle ce film appartient, Une minute de soleil en moins est la seule oeuvre à aborder la thématique par la bande, à travers un genre, le polar. Elle est aussi celle qui s'en approche le plus intimement, celle qui pose la question la plus troublante : «La sexualité de l'homme dans le monde arabo-musulman, et la part de féminité dans cette sexualité», selon son réalisateur, le Marocain Nabil Ayouch.
Ambiguïté et brouillage des genres sont partout présents dans la valse tragique des quatre personnages du film, remarquablement interprétés : à travers les scènes d'amour fiévreuses de Kamel (Nourradin Orahhou) et Touria (Lubna Azabal), mais aussi par le personnage de Yasmine, homme devenu danseuse du ventre, et par l'étrange Pipo (exceptionnel Hicham Moussoune), ange asexué, difforme et condamné. Enfin, par ses plans qui s'immobilisent ou se bousculent, ses images incandescentes et ses couleurs à l'étouffée ou, dans les fantasmes des perso