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Libération
Critique

CIA-Maison Blanche, douze ans de ratés

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publié le 16 avril 2003 à 22h50

A quoi sert la CIA ? A renseigner Bill Clinton ­ qui était friand de potins ­ sur les liaisons extraconjugales des chefs d'Etat étrangers ? C'est un peu court, mais pas si éloigné de la réalité à en croire les propos édifiants tenus à William Karel par divers (ex)-responsables de l'agence de renseignement et de l'administration américaines. Inutile, la CIA, peut-être pas. Mal utilisée, c'est sûr. Incapable de faire le poids face aux lobbys qui tiennent la Maison Blanche, notamment celui du pétrole. C'est là l'immense mérite du documentaire inédit diffusé ce soir en prime-time sur Arte : montrer à quel point, de Ben Laden à Saddam Hussein, l'Histoire se répète, avec son cortège de relations incestueuses, de signaux mal perçus et de ratés. «Chaque soir, on allumait une chandelle en priant que Saddam se trouve dans un des bunkers que nous avions décidé de bombarder.» Contrairement à ce que l'on pourrait croire, ces prières n'ont pas été formulées ces dernières semaines mais... il y a plus de dix ans, durant la première guerre du Golfe et c'est celui qui dirigeait alors la CIA, Robert Gates, qui le confesse.

Juillet 1990. Les services de renseignement américains alertent le président des Etats-Unis, George Bush Senior : Saddam va envahir le Koweït. L'administration s'esclaffe : «Nous connaissons tous Saddam, il s'amuse à faire peur au Koweït !» Du Caire, le raïs égyptien, Hosni Moubarak, confirme : «C'est juste un coup de bluff pour faire grimper les prix du pétrole.» Et Washingt