Un an après, Serge Moati est retourné voir ceux qu'il avait suivis pendant la campagne présidentielle. Mais cette fois, fini les gros plans, le mouvement, l'agitation, sa caméra ne bouge plus. Elle se pose pour écouter François Hollande repousser la fatalité du «coup de tonnerre» du 21 avril, Jean-Pierre Chevènement se défendre de toute faute, Noël Mamère réclamer «du temps» pour reconstruire la gauche, Alain Juppé saluer le «panache» du départ de Lionel Jospin ou François Bayrou moquer l'UMP qui «n'a rien compris». Bref, Moati se contente d'inciter une batterie de responsables politiques à s'épancher sur un phénomène dont ils n'avaient rien vu venir.
Certes, cette parole confuse et sans surprise a au moins le mérite d'illustrer, en creux, l'intensité de la crise qui secoue les institutions politiques et les atermoiements de ceux qui sont censés les remettre sur pied. Mais le montage, habile, et quelques images d'archives ressuscitant l'émotion du moment ne masquent pas la carence de ce film : il y manque les deux principaux acteurs, l'extrême droite d'une part, les manifestants anti-FN de l'entre-deux-tours de l'autre, bref, tous ces anonymes, lepénistes et anti qui ont fait le «séisme» d'abord, le «sursaut» ensuite.
En moquant les «spécialistes du 21 avril» prompts à décerner après coup des verdicts sans appel sur un événement trop grand pour eux, François Hollande fixe d'emblée les limites du documentaire de Serge Moati. En fait de comprendre les causes de l'irruption de l'