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Libération
Critique

Matonne-madone

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publié le 22 avril 2003 à 22h56

Elle s'appelle Pascale. Elle a 37 ans. Silhouette massive, cheveux courts et une extrême douceur sur son visage que vient encore souligner un sourire généreux. Pas vraiment de la béatitude, mais un je-ne-sais-quoi de l'héroïne de Breaking the Waves. Peut-être l'innocence, la foi et une absence totale de prétention. De son passé, on ne sait rien. Son présent : une formation pour devenir gardienne de prison. «Matonne» : ce métier, elle ne l'a pas choisi par défaut, comme tant d'autres, matons parce qu'ils ont raté le concours de la police. Ce métier, Pascale y tient. Et elle a des idées sur la question qui ne sont pas du goût de tout le monde.

Dans une salle de l'école nationale de l'administration pénitentiaire, il s'agit de simuler une altercation avec des détenus. Pascale, prise à partie, sourit encore. Elle ne comprend pas quand on lui explique que «son sourire aurait pu lui apporter des problèmes». Son idée, c'est «de renvoyer du respect et du calme» au détenu quel qu'il soit, quoi qu'il ait fait... Vol de voiture ou meurtre du voisin à coups de tournevis. Les collègues ne sont pas d'accord. Guettent la moindre fausse note dans ses premiers pas. Ils parient tous qu'elle s'endurcira, qu'elle déchantera. On ne fait pas d'angélisme avec des gens qui ne sont pas des saints.

Les détenus, de leur côté, sont déroutés. Ils disent : «Vous êtes trop gentille, c'est bizarre...» Presque maternelle, Pascale questionne, écoute et tente de comprendre comment ils en sont arrivés là. Une vr