ça existe encore, ces choses-là ? Des guerriers qui haïssent la guerre, qui pleurent à la guerre, qui tirent. De retour au monde des vivants, survivants de la barbarie ultime, la barbarie nazie, ils font des mélos journalistiques plus sincères, plus «vrais» que tous les reportages des télévisions occidentales, ces télévisions obèses d'elles-mêmes, qui n'accouchent jamais d'aucune «oeuvre». Il faut avoir aimé pour accoucher. Ces guerriers-là, ces guerriers cinéastes, sont les derniers barbares du monde occidental. Ils sont capables, ces Ford, ces Fuller, de vous balancer à la gueule, sans prévenir, des westerns d'un lyrisme époustouflant, des épopées guerrières qui ne prêchent que la tolérance, la vie, la paix. Penn et Peckinpah sont encore à la crèche, malheureusement plus pour très longtemps.
Ford et Fuller se connaissaient bien. Fuller montrait fièrement la photo du vieux Ford en visite sur le tournage de Naked Kiss. Sur la photo, on les voit, sérieux comme deux enfants, deux militaires à la retraite, en train d'échanger malicieusement une poignée de main devant l'objectif.
La photo est prise de face, comme il sied à deux héros de la grande frontalité classique hollywoodienne, deux grands peintres de la déception monochrome, deux déçus de la vie. Le travail, il n'y a que ça. Un peu d'amour, beaucoup de travail. Des choses dont on ne parle pas. Il faut un crétin comme Bogdanovich, prêt à recueillir les dernières confessions, les dernières volontés des derniers grands philosop