Nous allons assister à douze agressions. Trente et une secondes de pure violence, filmées sur le vif en plein Paris. Il s'agit de vols à l'arraché. Aucun coup n'est porté, mais le geste est brutal. Tellement soudain, tellement inattendu, que les victimes sont frappées de stupeur. Certaines vont réagir, d'autres non. Dans les regards, il y a de la surprise et de la colère. Surtout de la colère (1).
La première victime est un homme. Debout sur un trottoir, il lit l'Equipe. Son journal est déployé. Il semble attendre quelque chose ou quelqu'un. Brusquement, une main s'empare de sa lecture. Le voleur se sauve. L'autre se retourne, bouche ouverte. Il n'a pas eu le temps. Maintenant, c'est un homme en terrasse. Echarpe blanche, lunettes rondes, lui aussi lit un journal. De derrière, une main l'arrache. L'homme est sidéré. Il proteste des yeux, les mains rapprochées par le choc. Un homme assis par terre, ensuite. Il lit un magazine, il encaisse le coup, il se tasse un instant et puis bondit pour rien. Celui-ci lit Métro, le quotidien gratuit. La violence du dépouillement le fait tourner sur lui-même. C'est ensuite un homme à barbe blanche. Il marche le long d'un immeuble de pierres. L'attaque le surprend par l'arrière. Son journal est déchiré. Le voleur est une femme, ses cheveux en désordre. «Ça va pas bien non ? Elle est dingue celle là ou quoi ?», crie l'agressé, livide. Et cet autre encore, sur un banc de square. Son magazine arraché, il tangue de saisissement. Et cette femme, a