Un an après, que reste-t-il du 21 avril pour les milliers de lycéens et d'étudiants qui ont battu le pavé parisien pour dire leur refus d'une France à la sauce Le Pen ? A partir d'une photo emblématique publiée dans plusieurs magazines à l'époque et sur laquelle une poignée d'entre eux disent «tous ensemble» leur haine du FN sur un fond saturé de couleur rouge comme la révolte, les auteurs font parler quelques-uns de ces jeunes acteurs inattendus de l'entre-deux-tours de la présidentielle. Cette éruption de politique a beau avoir été «éphémère comme l'air du temps» selon l'analyse de l'auteur du cliché, un «feu de paille» ainsi que le déplore la mère d'une manifestante, les figurants de cette photo n'en restent pas moins profondément marqués par l'événement, presque à la manière d'anciens combattants.
Mohamed, l'apolitique, raconte l'impérieux besoin de montrer ce jour-là son appartenance à la France, Marion, la jeune JCR, son «soulagement et son bonheur» de voir autant de monde malgré sa peine, Laurent, le tourmenté, ses envies de révolte. Sous les pavés de cette brusque colère générationnelle, au-delà de tous ces mots de honte, d'indignation, de peur, perce en filigrane une réflexion très sartrienne sur l'engagement. On était parti de la «bonne ambiance» très spontanée d'une journée grise d'avril aux alentours de la place de la Nation et l'on finit cette plongée en politique jeune sans jeunisme en classe de philosophie. Le «pouvoir de changer les choses», la «liberté et les