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Libération
Critique

Bob voit la vie en Rose

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publié le 9 mai 2003 à 22h57

Prenez un scénariste réputé, commandez-lui six épisodes d'une bluette sentimentalo-comique, et extasiez-vous de sa (fausse) bonne idée consistant à renouveler le genre «histoire d'amour naissante», en inventant le gentil gay qui tombe fol amoureux... d'une femme. Ça tombe bien, le tout est inspiré d'une histoire vraie. Rajoutez moult scènes d'homophobie ordinaire mâtinées de quiproquos, et vous voilà l'heureux producteur de Bob and Rose, série britannique (6 épisodes de quarante minutes), écrite par Russel T. Davies, le scénariste encensé du décapant Queer as Folk, qu'on a connu plus acide.

Diffusée en Grande-Bretagne en 2001 sur la chaîne commerciale ITV, la série Bob and Rose, tournée à Manchester, avait ce petit quelque chose de sulfureux qui devait séduire, tout en gardant une pruderie de bon aloi en prime time... Certes, les deux premiers épisodes distillent leur petite mélodie faussement moderne autour du couple formé par Bob (Alan Davies), doux pédé affublé d'une mère militante de la cause gay, et Rose (Lesley Sharp), blonde trentenaire légèrement «bridget-jonisée» sur les bords. N'était ce sentiment croissant de se faire servir la soupe hétéro (sous prétexte de propos homosexuellement corrects, le scénario enquille perle sur perle, l'histoire d'amour finissant par ramener la brebis égarée dans le droit chemin), les dialogues sont vifs, les acteurs ont l'excellente idée de ne pas sortir d'une pub de magazine sur papier glacé, les personnages secondaires sont ciselés. B