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Libération
Critique

Dieu seul le sait

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Cinétoile, 2 h 55.
publié le 12 mai 2003 à 22h57

Parmi les grands acteurs de l'ère classique, Robert Mitchum est l'un des seuls à avoir toujours empêché Hollywood de ronronner. A part la Vallée de la peur (Walsh) et la Nuit du chasseur (Laughton), il n'a pourtant pas fait beaucoup de grands films. Mais par sa liberté, son imperturbabilité, il n'entre pas dans le standard hollywoodien, il le pervertit. Sans même y penser, il rend tout plus grand que la vie. Deborah Kerr fait de même, avec une infinie douceur, dans un nombre impressionnant de chefs-d'oeuvre (Michael Powell, Minnelli, Mankiewicz, McCarey, Preminger...). Un chat sauvage et une panthère rousse, lâchés dans un studio en 1957, juste avant que l'usine de la grande déception monochrome ne mette la clé sous la porte, ça donne quoi ?

­ Ça donne l'un des seuls chefs-d'oeuvre de Huston, Dieu seul le sait (Heaven Knows, Mr. Allison).

­ Tu ne veux pas parler de cette histoire d'amour entre un marine et une religieuse, quand même ? Il n'y a pas plus ridicule. On est presque gêné pour les acteurs.

­ Etre gêné pour un acteur, c'est le début du cinéma, en tant qu'il est encore du cinéma, en tout cas. Tu ne vas pas me dire que tu n'es pas gêné devant John Wayne et Angie Dickinson dans Rio Bravo ?

­ Mais c'est normal, ce sont deux travelos !

­ Une nonne, elle n'est pas déguisée, des fois ?

­ Dieu seul le sait, c'est juste un mauvais remake d'African Queen.

­ C'est African Queen qui est un mauvais film. Tout le monde sait que Bogart est le plus mauvais acteur au monde.

­ Et Katharine H