Nous allons écouter Germaine Tillion. Ethnologue, combattante, déportée, hier levée contre le colonialisme, la torture et les totalitarismes, elle milite aujourd'hui pour la libération de la femme en Islam. «Il est des personnages qui intiment naturellement le respect, même s'ils observent toujours un maintien modeste, parce que leur vie parle pour eux», nous dit le journaliste Laurent Joffrin. Il présente un document signé Gilles Combet (1).
Le 22 juin 1940, rentrée d'urgence d'Algérie où elle était en mission, l'ethnologue découvre l'armistice. «Lorsque je l'apprends, je suis indignée. Indignée. ...coeurée. Indignée. Révoltée, révoltée vraiment, révoltée physiquement.» Entrée en résistance réseau «musée de l'Homme» elle renseigne Londres et s'occupe des évadés. «L'évadé, il faut l'habiller, il faut le nourrir, il faut le loger et il faut lui faire des faux papiers. Alors nous nous trouvons brusquement obligés d'entrer dans l'illégalité.» Trahie, elle est déportée à Ravensbrück le 21 octobre 1943. «Il y a cette odeur de chairs brûlées quand on arrive, tout de suite. On voit des fantômes en loques et une angoisse, et une brutalité incroyable dans tous les rapports humains.» Terrassière dans le camp, elle résiste. «Un jour, j'ai profité d'une absence de la gardienne pour faire une grande conférence aux prisonnières sur la mécanique du camp, les phénomènes économiques, le taux d'exploitation, le fait que nous étions louées à des industries pour 4 ou 7 marks par jours.» Sa m