Sans musique dans la voix, un acteur n'est rien. S'il n'était pas blanc, Elvis ne serait rien. Il ne serait pas Elvis, en tout cas. On dit ça. On dit tellement de conneries, faut dire, depuis l'invention du rock blanc, il y a cinquante ans.
- Quel rapport avec l'Esclave libre ?
- Elvis est blanc et noir, non ? Certains biographes vont même jusqu'à dire que la mère Presley, la grosse Gladys, aurait fauté avec un esclave, du temps où elle était jeune et belle.
Regarde Elvis, ses fringues roses, ses lèvres épaisses, tu vois bien que c'est un métis.
- Tu veux dire qu'Elvis et Yvonne, c'est pareil ?
- Yvonne de Carlo, c'est bien la petite fille au corps d'albâtre, qui se retrouve vendue, du jour au lendemain, comme esclave ?
- Elle chante moins bien qu'Elvis, en tout cas.
- Pas sûr. Quand elle s'accroche à son père (ce père qu'elle aime de tout son corps de petite fille trop vite grandie), pour qu'il lui dise encore une fois : «Yes, you're made of sugar and spice, and all things nice» («Tu es faite de sucre, d'épices et de toutes ces jolies choses»), c'est bien une chanson, non ?
- Pour toi, tout est une chanson.
- Tu n'entends pas la comptine, la berceuse, la musique ? Walsh, c'est toujours de la musique.
- Un film de Walsh, c'est du Shakespeare.
- Shakespeare mis en chansons, tu veux dire.
- Et qui fait la partition ?
- Hank Thompson, Ray Price ou Willie Nelson. De la musique du Texas, en tout cas. Une sorte de western swing déviant. Tu n'entends pas ?
- Clark Gable devait chanter comme une