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Libération
Critique

Cobaye vaille que vaille

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publié le 15 mai 2003 à 23h00

A une extrémité de l'échelle, il y a la lucidité un brin cynique de David qui, avec quatorze autres hommes, participe à une étude de deux semaines sur les effets d'un futur antalgique : «Bonjour, bienvenue dans la Bio Académie. [...] Je suis sans emploi, je suis essentiellement motivé par l'appât du gain. Ma profession, c'est cobaye.» A l'autre, il y a Gilbert, retraité, participant à une étude sur les effets d'un antidépresseur sur le fonctionnement vasculaire cérébral : «J'ai l'impression de m'engager plus directement et plus efficacement.» Deux motivations qui sont l'alpha et l'oméga de l'expérimentation thérapeutique, sujet tabou qui nourrit fausses rumeurs, clichés et fantasmes, et que ce documentaire aide largement à lever.

Premier cliché, les expérimentations seraient lucratives. Faux. Depuis l'exemplaire loi Huriet de 1988, qui a rompu avec plusieurs décennies de dérapages, le volontaire sain ne peut recevoir plus de 3 800 euros par an. Deuxième cliché, les 400 000 personnes qui, chaque année, louent leur corps le feraient sans savoir les risques qu'ils prennent. Pour une raison simple que précise le Dr Simonetta-Moreau, neurologue : «Pour que l'expérience marche, il faut que non seulement l'équipe de recherche soit motivée, mais il faut aussi un bon volontaire sain.» Motivé lui aussi et actif, comme Mélanie, étudiante en médecine, poussée par la curiosité et «l'envie de rendre service». Ou Pascal qui, en 2001, participa à l'expérience spectaculaire de l'Agence spatia