Qui se souvient encore d'Andreï Babitski ? Qui se rappelle que la guerre a toujours cours en Tchétchénie, cette petite province rebelle du Caucase écrasée par l'armée russe depuis près de quatre ans ? C'est le premier mérite de ce documentaire : au-delà du portrait façonné à coups d'entretiens avec le reporter russe, sa femme ou ses collègues de Radio Svoboda (la branche russe de Radio Free Europe), il montre sans fard la crudité de la guerre. L'air de ne pas y toucher, il invite aussi à une réflexion sur la notion d'engagement. Car les images les plus poignantes ou les plus révoltantes sont signées... Andreï Babitski.
Ce qui frappe chez cet homme malingre de 35 ans, c'est sa force tranquille et sa détermination. A l'automne 1999, lorsque l'armée russe entame sa deuxième guerre en cinq ans en Tchétchénie, à la suite de deux attentats terroristes meurtriers perpétrés à Moscou et imputés aux indépendantistes caucasiens, il déboule sur place. «Je me sentais obligé de faire cela, dit-il, parce que c'était l'avenir de mes enfants, le mien et, finalement, celui de mon pays» qui étaient en jeu. Boris Eltsine va bientôt s'effacer, cédant les clés du Kremlin à un inconnu issu des rangs du KGB, un certain Vladimir Poutine.
Muni d'un téléphone satellitaire et d'une caméra vidéo, Babitski fait son travail. Témoin, il est le grain de sable qui grippe la machine de la propagande russe. Sur les ondes, de sa voix grave, il évoque les nombreuses pertes russes (officiellement minimes) ; les cri