C'est peu dire que Steven Spielberg a cochonné cette histoire de Pinocchio au pays des robots. Le film est à peine commencé que l'on rêve déjà d'avoir le réalisateur sous la main pour lui coller des beignes (c'est une image). Mais, pour une fois, il faut reconnaître à Spielberg des circonstances atténuantes : Stanley Kubrick, qui lui a refilé le bébé, avait savonné la planche au Teflon.
Résumons l'affaire. Dans les années 70, Kubrick s'emballe pour une jolie nouvelle de l'écrivain britannique Brian Aldiss, Super-Toys Last All Summer Long (un gosse que sa mère n'aime pas découvre qu'il est en fait un robot). Comme ce texte est très court, il faut développer l'histoire. Mais pour aller où ? A l'époque, Kubrick se remet mal de l'accueil un peu froid fait à son Barry Lyndon. Il est désorienté et confie à Aldiss qu'il aimerait tourner un succès comme Star Wars (film qu'il n'aimait pas), sans pour autant foutre sa réputation en l'air. Très mauvais départ.
Aldiss commence à étoffer son histoire, est congédié par Kubrick, puis rappelé, etc. Le chantier scénaristique devient ensuite un affreux terrain vague où défilent une bonne demi-douzaine d'écrivains de science-fiction (dont Arthur C. Clarke). En vain. Presque vingt ans après le début du projet, Kubrick fait appel à un nouvel écrivain, l'Anglaise Sara Maitland, qui découvre un grand foutoir. Le réalisateur appelle son film le projet «Pinocchio», il a collé une fée bleue dans le script, mais le personnage central est désormais la mè