Tokyo de notre correspondant
Ils sont quelque soixante-dix millions de Japonais, soit plus de la moitié de la population, à les lire. Et pourtant, comme toute la presse mondiale, les quotidiens nippons traversent une période difficile. Leur nombre d'abonnés et leurs recettes publicitaires (60 % du chiffre d'affaires) baissent inexorablement. Certes, les «cinq grands» (Yomiuri, Asahi, Mainichi, Nihon Keizai et Sankei), qui représentent 52 % du tirage total, sont loin d'être à l'agonie. Il n'empêche. Les patrons de presse nippons sont en proie au doute. «C'est une profonde période de remise en cause. La plus importante depuis cinquante ans», témoigne un jeune journaliste du Nihon Keizai, premier quotidien écono-mique (3,5 millions d'exemplaires).
Saturation ou effet de la crise économique ? Le chiffre d'affaires des quotidiens n'augmente plus que de 5 % par an, un chiffre qui ravirait plus d'un éditeur européen mais qui paraît dérisoire au regard des 40 à 50 % de croissance au tout début des années 1990 ! Le progressiste Asahi Shimbun (shimbun signifie «journal»), fondé en 1879 et qui n'emploie pas moins de 8 500 personnes, voit ainsi lentement s'effriter sa diffusion. Pas de quoi dramatiser pourtant. Deuxième quotidien du pays (et du monde !), il imprime encore huit millions d'exemplaires à l'aube et quatre millions le soir.
Du côté du plus austère Yomiuri Shimbun, champion incontesté des tirages (14 millions d'exemplaires), on reste serein en dépit d'un tassement de la diffusio