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Libération
Critique

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publié le 29 mai 2003 à 23h11

«Il y a des couples qui ne savent pas se protéger. Après, ils ont des enfants... des enfants qui ont faim.» Il n'y a pas que cette vieille femme, dont la brève interview ouvre ce reportage, qui pense de cette manière au Pérou. Entre 1995 et 2000, une campagne de planification familiale d'une férocité radicale a stérilisé environ 300 000 femmes, dont une majorité d'Indiennes. A l'époque, le président Fujimori, fort des revers infligés au groupe terroriste du Sentier lumineux, est le maître du pays. Afin de lutter contre la pauvreté, il s'attaque aux familles nombreuses, soutenu par les fonds de l'Agence américaine du développement international. Au total, plus de 60 millions de dollars ont été consacrés à cette campagne qui, évidemment, n'a en rien allégé la grande pauvreté du pays, mais a rendu plus difficile encore la vie de ces femmes. Ainsi, le reportage décrit avec simplicité les méthodes utilisées par les médecins complices pour les convaincre. «On m'a dit que je devais me faire ligaturer les trompes, murmure l'une d'elles. Pour ne plus avoir d'enfants parce qu'en 2002 il y aurait des pluies de feu et de monstres.» Quand les médecins n'abusaient pas de la naïveté des jeunes femmes, ils les menaçaient de faire intervenir la police.

Après la démission et la fuite de Fujimori, en 2000, les nouveaux dirigeants du Pérou ont déposé une plainte pour «génocide». Trois ans plus tard, personne n'a encore été inquiété, malgré une commission d'enquête créée à cet effet. Surtout, dep