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Libération

La rose.

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publié le 30 mai 2003 à 23h12

Il y a des feux immenses dans d'immenses cheminées. Et des soleils couchants, et des vagues de mer. C'est un homme et c'est une femme. Ils courent en riant, se regardent en riant, se donnent la main en riant, nagent avec les dauphins en riant, se roulent dans la neige de printemps en riant, s'embrassent en riant sur la plage et se disent des secrets. Ils dînent aux chandelles, s'enivrent de cuir blanc dans leur limousine, voyagent en hélicoptère, en hors-bord, en scooter des neiges. Ils goûtent aux meilleurs champagnes, dînent aux plus grandes tables. Ceux qui les servent portent la livrée. L'homme s'appelle Olivier, il a 32 ans. Et il a vingt-cinq femmes. Elles sont toutes à lui, il est tout à elles. Une à une il les essaye, une à une il les élimine. Il cherche sa fiancée. Ce soir, il en reste six. Il va offrir une rose à quatre d'entre elles. Pour les autres, c'est fini (1).

Elles sont assises sur un canapé en demi-lune, face à un guéridon Louis XV. Tapis brodés, tentures rouges, boiseries, bougies frémissantes. Chacune a mis sa plus belle robe. Quelques cuisses sont nues. Alors qu'Olivier prend place, la musique monte lentement. Une mélodie crispée, dérangeante. De ces notes alarmantes qui suivent la victime dans l'escalier de la cave, juste avant le coup de hache d'un dément. Sur le meuble, quatre roses rouges. Olivier en prend une. Il se concentre. Baisse les yeux. Un sauteur à la perche juste avant l'élan. «Ben... Déjà, je voudrais vous dire que vous êtes toutes... Ben,