Rome de notre correspondant
De Saint-Pétersbourg, où il se trouvait à l'occasion du tricentenaire de la ville, Silvio Berlusconi lui-même l'a assuré : «Je peux vous garantir qu'il n'y a eu aucune intervention de notre part» pour pousser vers la sortie le directeur du Corriere della Sera, Ferruccio De Bortoli, qui a démissionné jeudi et qui a aussitôt été remplacé par un éditorialiste respecté du quotidien milanais, Stefano Folli.
De Bortoli, 50 ans, s'est contenté d'invoquer une certaine «usure», affirmant qu'il était arrivé «à la fin d'un cycle» et que sa «décision était motivée par des raisons personnelles». Mais derrière ce changement à la tête de leur journal, nombre de rédacteurs croient percevoir une volonté du gouvernement de mettre au pas le premier quotidien italien, avec une diffusion moyenne de 715 000 exemplaires. Afin de «protester contre le manque de transparence» dans le remplacement de De Bortoli, les journalistes du grand quotidien milanais ont fait grève samedi, et le journal n'est pas paru hier. Ils se sont également engagés à se battre pour «garantir l'indépendance et la qualité de l'information qui ont toujours caractérisé le "Corriere della Sera"».
Pressions De fait, l'indépendance de Ferruccio De Bortoli, nommé directeur du Corriere della Sera («le courrier du soir») en 1997, donnait apparemment des aigreurs d'estomac à Silvio Berlusconi. Déjà ulcéré en 1994 par la publication en première page du journal de l'ouverture d'une enquête pour corruption, au mo