Lorsqu'il parle, Abderrezak Besseghir baisse parfois les yeux. Ses mots sont retenus, son regard malheureux et sa colère chagrine. A la fin décembre, le bagagiste de Roissy est accusé de terrorisme. On a trouvé des armes dans sa voiture, son vestiaire est une cache et sa vie tranquille un mensonge. Une partie de la presse reprend l'accusation sans prudence. Tout cela était faux.
Il criait au complot familial et il avait raison. Quatre-vingt-seize heures de garde à vue, dix jours de prison, et le non-lieu, après plusieurs mois d'enquête. Sur son plateau, Daphné Roulier a invité Abderrezak Besseghir et le journaliste Claude Sérillon. L'entretien se termine (1).
«Dans votre livre, vous prenez la presse à partie et vous dites que les médias suintent le racisme. Est-ce que ce n'est pas un peu outrancier, tout de même ?», interroge l'animatrice. «Non. Sincèrement, parce que c'est quelque chose que j'ai vécu et ressenti», répond le bagagiste. «Mais il n'y a pas eu d'attaque raciste telle qu'on peut se l'imaginer. Des amalgames ont peut-être été faits, mais est-ce qu'on peut vraiment parler de racisme ?» Il la regarde. «L'amalgame, c'est quoi ? Ça débouche sur quoi ?» «Pas forcément sur le racisme», dit-elle. «Dans ce cas-là, oui, continue l'invité. Vous savez, quand on va chez vous et qu'on ramasse des pièces à conviction comme le Coran, tout et n'importe quoi parce que c'est écrit en arabe. Dans quelle paranoïa voulait-on nous pousser ?» Daphné Roulier se tourne vers le journaliste.