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Libération
Critique

S21, le lycée des supplices

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S21, la machine de mort khmère rouge Arte, 22 h 30.
publié le 2 juin 2003 à 23h15

On trouve peu d'images de supplices dans le documentaire du Cambodgien Rithy Panh et pourtant il n'est question que de cela. On voit la photographie d'un homme qui s'est tiré une balle dans le menton ressortie par le haut de la boîte crânienne. Suicide. Dans le noir et blanc, on ne distingue presque rien. On relève des inscriptions, sans doute pour décrire la trajectoire, pour dire l'heure de la mort, pour compter le sang coulé. On voit un vrai poster représentant un paysage où se reconnaît le S21, l'ancien lycée de Phnom Penh, devenu dès 1975 le bureau de sécurité placé directement sous les ordres du Comité central. Les doigts d'un ancien bourreau dessinent sur la poussière l'emplacement d'une baraque et d'une fosse.

De 1975 à 1979, alors que Pol Pot fait disparaître un quart de la population cambodgienne, entre 16 000 et 17 000 victimes ont été torturées ou exécutées dans le S21. Aujourd'hui, c'est devenu le musée du Génocide. Mémoire de l'horreur. Des photos de visages, format A4, tapissent les murs. Ils sont morts de fièvre, d'épuisement, d'asphyxie, de coups dans le ventre. Morts parce qu'on leur pompait trop de sang. En 1979, sept hommes sont sortis vivants du S21. Trois rescapés peuvent encore témoigner. A leurs côtés, les anciens bourreaux: les gardiens, le chef adjoint du Santébal, l'interrogateur, le photographe, le médecin. Pendant trois ans, Rithy Panh s'est évertué à convaincre les uns, à rassembler les autres, il a choisi de comprendre, de dénuder l'inextricable