La Vie comme elle va est typiquement le genre de film à faire fantasmer le cadre francilien épuisé par le boulot, les bouchons et la pollution. Voici donc Najac, charmant village du Rouergue avec son château perché, ses vieilles pierres et son maire à béret. En apparence, un vrai cliché pour JT de Jean-Pierre Pernaut. Mais en apparence seulement : le réalisateur Jean-Henri Meunier n'a visiblement et heureusement que faire des traditions du terroir. Ce Parisien, expatrié volontaire en Aveyron depuis 1995, a profité de son temps libre pour filmer ses voisins de Najac dans leur vie quotidienne et, néanmoins, peu banale.
Entre deux séquences sur les moissons ou les élections municipales, la Vie comme elle va nous donne à connaître une centenaire pas commode qui chante l'Internationale, un paysan écolo et philosophe ou un clown itinérant qui part faire de l'humanitaire en Bosnie. Cadré avec rigueur, monté avec malice, le documentaire suit le rythme lent de la nature et des saisons en un récit buissonnier, passe (littéralement) du coq à l'âne, d'un personnage à un autre, et d'une course-poursuite burlesque au cul des brebis jusqu'aux souvenirs émus d'un papy amateur de mécanique et de poupées («Mon Dieu, que la vie est amère et que les femmes sont chères !»). Le ton est volontiers amusé mais jamais moqueur, souvent attendri mais pas gnangnan. Comme le résume avec beaucoup de bon sens Jean-Louis, retraité najacois à la coule : «Ici, il y a la même proportion de cons qu'ailleurs,