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Libération
Critique

Canardages sur le Net

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publié le 11 juin 2003 à 23h20

Il a l'air gentil, comme ça, Alain, quand il accueille l'animateur de Game One sur le palier de sa petite maison de Saint-Fons, près de Lyon. Il ne faut pas s'y fier, car, parfois, ce grand garçon de 37 ans, web-designer, se transforme en «Deleterz». C'est sous ce pseudo méchamment viril qu'il se branche avec sa console sur le Net pour y disputer quelques parties d'Unreal, un jeu de guerre futuriste où il doit tuer (le terme consacré est «fraguer») le maximum d'adversaires, eux aussi armés jusqu'aux dents.

Ce soir, Game One, seule chaîne de la télé française consacrée au jeu, est venue le voir en action. Il sera opposé à deux autres joueurs. «Kobalht» de Bayonne, Eric de son vrai nom, taciturne trentenaire à la pilosité taillée en mousquetaire, et «Néo4», alias Roger, 30 ans, qui a manifestement bien aimé Matrix et qui aimerait bien gagner la cagnotte de 5 000 euros pour offrir un voyage au Pérou à sa copine. Tous ces braves gens, reliés les uns aux autres par un casque audio et un micro, peuvent discuter («Je vais te fraguer grave...»), se disputer («Interdit de faire des alliances !») ou se vanner («Eh, Deleterz, t'as pas oublié de brancher ta manette, par hasard ?»).

Première manche, le combat s'engage. A chaque joueur correspond une image télé à la troisième personne, comme s'il était immergé dans le décor avec le canon de son arme pointé devant lui. Ça tire dans tous les coins, les images s'affolent, les couleurs giclent et aucun spectateur ne peut plus rien comprendre au