Monsieur Ferry ayant, ces jours-ci, quelques obligations professionnelles, on lui suggérera de demander à l'un de ses zélés collaborateurs de brancher son magnétoscope ce jour, à 20 h 40. Il y rencontrera trois spécimens de ces professeurs qui lui causent tant de soucis. Sophie, Charles, Vincent, la trentaine, sont chargés d'enseigner le sens profond de la philosophie dans trois lycées bien représentatifs de la diversité scolaire française. Sophie au Cheylard, en Ardèche, Charles dans la très désuète Maison de la Légion d'honneur à Saint-Denis et Vincent au lycée de Montataire, un de ces «réservoirs à bourrins», selon l'expression, tout empreinte d'amour de la démocratie, de certains de nos sénateurs. A ceux qui ignoreraient ce qu'est la philosophie, son essence, ses limites, ce reportage de trois expériences croisées offre une occasion d'apprendre. D'accord, en début d'année, ça commence fort, dans la classe de Sophie : «Ça ne sert vraiment à rien. (...) Réfléchir, mais réfléchir à quoi ?» Et les élèves de fustiger les «vieux auteurs» qui parlent une langue qu'ils ne comprennent pas.
Les demoiselles de la Légion d'honneur, qui se lèvent quand leur professeur arrive, font montre de moins de prévention, même si, comme le dit une toute mignonne de terminale ES : «Apprendre à réfléchir en se posant tout le temps des questions, ça peut faire un peu peur, parce qu'on finit à la fin par découvrir qui on est, et ça fait toujours un peu peur.» D'où, témoigne Charles, la nécessité d'u