Ne pas prendre ce film pour une comédie américaine. Dans le territoire de guerre et d'amour qu'est l'Angleterre, rien ne se passe comme à Hollywood. Les rapports midinette de Pretty Woman, avec lequel le Journal de Bridget Jones a plus d'un point commun, ce n'est pas ici qu'on va les trouver. Dans le Londres criard d'un siècle qui s'annonce plus criard encore, on ne trouve ni peignoirs d'hôtel, ni faux cils géants. Quand une fille est grosse et vulgaire, elle est vraiment grosse et vulgaire. Comme si les marraines d'Ab Fab s'étaient penchées sur le berceau destroy de Bridget Jones. Comme si elles avaient roté ensemble à sa santé. Est-elle grosse, la petite Bridget ? Est-elle jolie, la grosse Bridget ? Ce sont les seules vraies questions que pose ce film à la fois unanimiste et énigmatique, aussi grisant et addictif que ce Pretty Woman, qui reste décidément la scansion du cinéma commercial à venir et l'une des seules sorties possibles à l'impasse cinéma, une sortie en chansons, sur les paroles bien connues de la petite fille triste et du garçon sentimental.
Pour qui ne croit pas au cinéma en tant qu'art, combien il est rafraîchissant ce cinéma envisagé comme simple bande-son à la mélancolie du monde. On oublie le temps d'une soirée les crises esthétiques d'un monde célibataire (à l'image du vieux Dorian Gray), un monde qui n'ose plus se regarder dans la glace. Sortir de l'impasse en chansons, c'est le programme de Frankie and Johnny et de Bridget Jones, le programme de tous ce