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Libération
Critique

Parle avec elle

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Canal Plus, 00 h 15.
publié le 23 juin 2003 à 23h31

A-t-on assez dit que ce film est une véritable bauscherie, un simple entassement de corps, plus saignants les uns que les autres, à l'image des plus méchants mélos muets ? Avec ses effets de ralentissements stroboscopiques (ceux qu'affectionne la chorégraphe), sa pléthore de zooms sentimentaux, Parle avec elle s'offre dès ses premières images (un spectacle de Pina Bausch, précisément) l'ambition programmatique de faire aussi bien qu'elle. Côté cinéma, pourtant, ça n'en mène pas large, tout simplement parce qu'Almodovar ne saurait envisager, même métaphoriquement, qu'un homme puisse faire l'amour avec une morte. Pour lui, il s'agit juste de se branler sur un cadavre. Les filles penseront qu'il s'agit là d'une masturbation royale, de celles qui réveillent les morts. Mais les filles pensent toujours à Dieu quand les hommes se branlent, surtout s'ils pensent à d'autres hommes quand ils se branlent.

Quand un homme se branle sur un cadavre, on ne peut pas ne pas penser à Belle de jour (dans son hispanité bricolée, la seule Tristana, vaut d'ailleurs l'oeuvre complète d'Almodovar). Le cinéphile oublieux ­ ça devient une mode ­ aura oublié la scène d'anthologie de Belle de jour, où le vieux George Marchal se branle dans son château, sous le cercueil où repose la délicieuse Catherine Deneuve, sommée de jouer à la fois ­ sans savoir ce que cela signifie évidemment ­ une morte et une créature de Playboy. La belle de jour sent qu'on se faufile sous le cercueil, qu'on se glisse sous son co