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Libération

L'oeuvre.

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publié le 24 juin 2003 à 23h31

Il fait froid. Il fait sombre, aussi. Seul le faisceau des lampes caresse les parois de la caverne. Nous sommes à la grotte Chauvet, en Ardèche. Ici, le 18 décembre 1994, trois spéléologues amateurs ont découvert ce qui allait devenir la plus ancienne grotte ornée connue à ce jour. Celle aussi qui présente le bestiaire le plus élégant, le plus divers et le plus proche de l'exactitude naturaliste. C'est la première fois qu'une caméra pénètre dans le site (1).

D'abord, des petits riens. Juste des traces humaines, quelques griffures aux pigments usés. Puis l'harmonie des formes, la courbe d'un dos, l'esquisse d'un museau, l'ombre d'un oeil. Et plus on avance en terre et plus l'oeuvre prend vie, jusqu'à ces quatre chevaux. Ce sont des têtes, figurées de profil et en perspective. Pour donner du volume à son travail, l'homme a utilisé les fissures de la roche. Il a joué avec les ombres portées. Il a dessiné au charbon de bois. Un noir gras qu'il a dégradé jusqu'à l'estompe, le mêlant au roux du mur pour suggérer un relief proche de la bichromie.

Carole Fritz travaille à l'étude des parois. Elle refait pour nous les gestes de l'artiste. Lorsqu'elle mime, sa main, son doigt, tout son être reste à distance respectueuse. Seule son ombre rejoint les contours. Elle est vive. Ses gestes sont fiévreux. «C'est le travail dans l'action... Et je m'appuie là... Parce que ça m'aide peut-être à faire ce cheval... Ou je mets une main là... Est-ce que c'est mieux d'être appuyé pendant que je fais l